Le long des Ghats, nous nous baladons chaque jour. Nous apprécions nous poser et regarder la ferveur qui s’y dégage face au Gange. 

Depuis notre guest house, un escalier nous y descend directement. Varanasi est une vieille ville colorée de peintures. Beaucoup d’hindous viennent s’y recueillir et faire leurs offrandes au fleuve sacré. Nous marchons au milieu des vendeurs de Chaï, de fleurs, de bougies, de ceux qui veulent vous apposer le Tikka ou encore vous emmener en barque. 


Nous observons tout ce qui se passe avec beaucoup d’attention car devant nous, il y a une multitude de petites scènes à regarder. Et tous les jours, tout est à la fois similaire dans les actes, mais tellement unique dans le vécu de chaque hindou venant à la rencontre du fleuve. Les femmes sont vêtues de leur saree, les hommes en caleçon ou sous vêtement similaire. Ils viennent en famille, seul ou entre amis. J’aime cette bienveillance qui se dégage les uns envers les autres pour aller plonger dans le Gange. D’abord ils plongent la tête sous l’eau plusieurs fois. Je suis touchée par l’attention que portent les hommes à leurs femmes (pas toujours rassurées). Je vois des sourires, des rires, je vois du bonheur parmi eux dans cet acte symbolique. Puis ils prennent l’eau dans leurs deux mains jointes qu’ils remontent jusqu’au front, plusieurs fois. Les offrandes sont aussi faites. Une fois le rituel terminé, les hindous se rhabillent dans une nouvelle tenue, les femmes recoiffent leur belle chevelure au noir si intense.


Varanasi grouille de petites ruelles aux peintures colorées, de petits temples, de marchés. Et, de l’autre côté, les Ghats viennent apporter cet autre univers. Celui où la vie et la mort s’entremêlent. Les offrandes et les bains sacrés sont la vie. Plus loin, les crémations où les bûchers se préparent et se consument, annoncent la mort. Les défunts arrivent par les ruelles de la ville, portés par les Indiens et accompagnés d’un chant spécifique. Ici, de ce côté, tout semble normal. La mort fait partie de la vie, personne ne s’observe, personne n’est en attente. La mort se vit. Le sadhu est mm entrain de se faire masser juste à côté du bûcher. Les vaches et les chiens traversent au milieu de tout ça et rien ne dérange dans cet événement. La crémation pour les hindous permet de libérer l’âme des morts. Les cendres sont jetées dans les fleuves sacrés. Certains fleuves comme le Gange, revêtent une dimension particulière. Le Mani Karnika Ghat de Varanasi est le site le plus sacré de tout le sous-continent. Y être incinéré signifie pour le défunt la fin du cycle des réincarnations. L'accession directe au Nirvana. Voilà ce pourquoi ici tout semble être « normal ». L’on m’avait prévenu de la vision éventuelle de macabres découvertes sur le bord du fleuve. Cela me semblait tellement surréaliste… J’ai donc difficilement pu admettre la vision troublante du corps sans vie de ce petit nourrisson, ramené par le fleuve que les vaguelettes ont délicatement posé sur le Ghat. Je ne peux alors que me questionner sur son triste sort. L’image me reste, mais je crois que mon esprit essaye d’adopter cette croyance hindoue pour me préserver. 


Je voulais vous reparler de cette bienveillance, toujours un œil sur nous ou une attention particulière.. 

Un jeune indien dans les ruelles, s’est permis de me toucher les fesses ! A peine ai-je eu le temps de me retourner qu’il était déjà entrain de se faire sermonner par un ancien. J’ai pleuré, parce que ce petit monsieur s’est excusé pour le comportement du jeune. Il m’a dit lui avoir expliqué qu’il me devait le respect autant que moi je pouvais le respecter… j’ai été émue ☺️.


Et puis ce matin, au milieu des offrandes, une femme m’a demandé de la prendre en photo. Ensuite, elle est venue me voir et ma dit « you are my friend ». Elle a posé dans ma main une pièce et des graines. Elle m’a accompagné au bord du Gange. Elle m’a expliqué ce que je devais faire. Elle a aussi compris que je ne souhaitais pas m’y baigner, elle a respecté. Alors elle m’a mis ds mes mains jointes l’eau et m’a fait réaliser le rituel. ☺️


Je garde bien précieusement ces petits moments qui réchauffent le cœur et qui me permettent de reprendre confiance.