Kampot est une petite ville agréable où l’on remarque la présence de pas mal de Français vivant ici. Il y a la mer, les Cambodgiens y cultivent le poivre et exploitent les marais salants. Son point culminant est « la montagne de Bokor » à 1100 m d’altitude situé dans le parc naturel. 


Nous nous sommes rendus du côté de Bokor. Une route à travers la jungle arpentait la montagne, nous l’avons pris en scooter. 


C’est avec grand plaisir que nous avons retrouvé les singes ! Depuis l’Inde, nous n’en n’avions pas revu. Ils étaient beaux, d’une espèce différente, avec un pelage volumineux et des traits fins au visage faisant penser à du maquillage. Leur allure et attitude n’avaient aucune ressemblance avec ceux des villes du Népal et de l’Inde. Ils étaient là, posés le long de la route entourée de jungle, on pouvait les approcher à 2-3 mètres sans en avoir peur. Aucune menace, certes, habitués au passage des hommes en voiture qui leurs donnent de la nourriture par les fenêtres, ils n’en sont pas pour autant agressifs ou chapardeurs. C’est avec émotions que j’ai pris le temps d’admirer leur gestuelle si élégante et surtout, l’expression de leur visage tellement ressemblante à celle des humains. 


Une fois la jungle passée et traversante par d’énormes bourrasques de vent, nous sommes arrivés dans une atmosphère quelque peu déstabilisante. Nous commençons par découvrir d’anciennes habitations largement abandonnées appelées « villas noires ». Certaines ont été taguées ce qui apporte une petite touche artistique dans ces pièces délabrées. A ce moment là, nous étions toujours dans les hauteurs de la montagne. Puis nous nous sommes écartés, pour rejoindre la « ville » de Bokor. Et nous avons découvert beaucoup de constructions de type villégiature pour le coup inachevées. A l’horizon, de ce côté-ci, de la déforestation et la construction en apparence d’usines. 

La suite a été encore plus troublante puisque de grands bâtiments totalement impersonnels, sans âme et charme, étaient là au milieu de nulle part. Toute une chaîne d’appartements vides, nous étions partagés entre une ville naissante ou une citée mortuaire. En tout cas, nous constations la présence du tourisme cambodgien en nombre, ce qui attisait encore plus notre curiosité pour comprendre l’histoire de ces lieux. Puis nous sommes arrivés au bout de la ville surplombant la mer et avons découvert d’autres anciennes villas, un immense palace et une chapelle, le tout abandonné. Atmosphère pesante, sans âme et pourtant fantomatique, nous nous sommes dit que ce lieu était idéal pour tourner un film d’épouvante. Il y avait aussi un temple également étrange que nous avons ressenti être comme un lieu de recueillement pour les Cambodgiens à la mémoire de quelque chose, ce qui a continué d’attiser notre curiosité. 

La magnifique vue, bien que légèrement brumeuse et les très grosses bourrasques de vent, nous faisaient, quant à elles, nous sentir bien vivants au milieu de cet endroit assez glauque et authentique. Après quelques recherches, en voici l’explication : Il y a un siècle, Bokor fut le théâtre d’un crime colonial français : 881 ouvriers perdirent la vie lors de la construction d’une station climatique vite abandonnée. Aujourd’hui, un conglomérat cambodgien semble pris par la même folie des grandeurs que celle qui saisit le Résident supérieur Baudoin en 1917.   Dans cet article, l’auteur nous indique également que le film City of Ghosts (2002) a été tourné ici. 

Source et suite de l’histoire ici : https://lescahiersdunem.fr/au-cambodge-letrange-destin-du-mont-bokor/


Nous sommes repartis de la montagne, assez perplexes de cette aventure quelque peu déroutante, mais heureux d’avoir pu vivre cette découverte authentique marquée par l’histoire. J’ai été attristée forcément de savoir que les premiers exploitants de cette ville, et surtout les responsables de nombreux morts Cambodgiens, étaient des Français. La colonisation est un sujet tellement lourd et pesant. J’avais ressenti ce même sentiment de tristesse sur l’île de Gorée dans un tout autre voyage. 


Nous avons terminé cette authentique belle journée par un coucher de soleil dans les marais salants. Avec la chance de voir les paludiers en activité. Moment magique avec de jolis reflets dans l’eau que sont ceux du soleil, des tas de sel, des hommes et de leurs petites maisons.