Nous retrouvons le côté roots ici, une route principale, quelques petites boutiques de première nécessité, des habitations et guesthouses. De part et d’autre, la nature et les animaux. Ce lieu semble peu fréquenté des touristes, l’attraction unique et principale réside pour le trecking jungle. Ici, notre guesthouse et un bungalow dans un grand jardin entouré de collines. Nous sommes venus pour voir les orangs-outans, nous sommes excités à l’idée. Mais à notre arrivée, nous n’étions pas très enthousiastes des prestations proposées pour nous rendre dans la jungle (prix trop excessif). Indécis et ambivalents entre l’envie et le souhait de ne pas surpayer ce treck, c’est donc un peu déçue que je m’endors en me disant, comme pour me réconforter, que demain allait être un autre jour. Au lendemain matin, réveil difficile pour moi, en manque de mes proches. Alex est parti négocier le tarif, trouver un terrain d’entente raisonnable. Je suis entrain de m’éveiller doucement, lorsqu’il rentre et m’annonce qu’il a réussi la négociation et qu’en plus de ça, nous pouvons partir pour 2 jours/1 nuit d’ici une heure. Cette nouvelle me motive et je pense sincèrement que dame nature va me ressourcer dans ce petit état d’âme 😌.  Il est maintenant 9h, nous sommes équipés et prêts pour cette nouvelle aventure qui, on le souhaite sincèrement, sera à la hauteur de nos attentes. 


Iman a été notre guide durant ces deux jours dans la réserve. Nous étions au cœur de la jungle, humidité, chaleur, arbres et insectes surdimensionnés. En plus des orangs-outans, nous pouvions voir d’autres singes et petits animaux. 

Le parcours était un peu physique, compte tenu des conditions liées à l’environnement, mais nous prenions le temps à la recherche et à l’observation de la faune et de la flore. Je me suis sentie tellement bien dans ce bain de nature. L’impression parfois d’être dans un hammam, un espace douceur un brin humide 😁. 

Des singes, appelés « Thomas leaf », ont été les premiers à croiser notre chemin et c’est déjà avec admiration que j’ai pu les découvrir à la cime des arbres, alertée en amont par leurs cris probablement annonciateurs de notre venue. Toujours curieux, on les voyait nous observer, nous fixer, se cacher et revenir nous regarder depuis tout là haut. Petite tête toute mignonne avec une touffe de poils hirsutes en guise de crête. Puis nous avons poursuivi, nos pas toujours rythmés par le chant de grosses cigales aux yeux verts. En chemin, cette curiosité : une petite boule noire, en réalité il s’agissait d’un insecte en mode camouflage. On le découvrira après, ce petit pépère bien portant, se déplaçant lentement en rampant. Il semblait faire sa petite vie bien tranquillement sur le sol rempli de feuilles mortes. 


Puis l’heure du déjeuner arrivait, nous avons donc rejoint et découvert notre campement. Situé le long d’un torrent, ce petit campement de fortune sera notre maison pour les deux jours. Le cuisinier était sur place, le feu de camp prêt. Nous avons pu profiter d’une baignade rafraîchissante sous le regard attentif de macaques guettant de près la distance entre nous et la découpe des fruits et légumes de notre repas. A croire qu’ils pensaient peut-être pouvoir intercepter nos assiettes ☺️. Notre tente était un assemblage bien solide de bâtons de bois et de bâches. Après le déjeuner, nous sommes repartis dans la jungle. L’après midi aura surtout été ponctué d’arbres magnifiques, papillons, petits lézards et d’un gros écureuil. De retour au campement, nous avons profité encore de cette jolie nature par un petit plongeon dans les eaux agitées sans attendre… désormais, nous prendrons l’habitude de nous baigner dans le torrent en guise de douche pour le restant de l’aventure. Le soir venu, nous avons dû nous retirer dans notre « toile de plastique transparente » nous laissant entrevoir les éclairs et la pluie ruisselante. Ils nous ont régalé avec un délicieux repas à la bougie. Moment de plaisir partagé tous les 4 dans cet espace assez atypique. Nous rêvions que d’une chose pour le lendemain, rencontrer enfin les fameux orangs-outans. Pas d’étoiles cette nuit dans ce ciel orageux, mais quelques lucioles s’affairant le long de la toile 🤩. 



La nuit a été bonne, bercée par le bruit fort du torrent, la pluie a laissé place au soleil. Nous espérions encore. Nous étions assis sur notre natte à prendre nos pancakes bananes savourant dans le même temps, la valse de quelques papillons au soleil, venus aspirer l’eau contenue dans nos vêtements qui séchaient. Alex me dit « imagine, ils pourraient être là les orangs-outans autour de nous », moi « ça serait trop beau ». 


Nous étions presque à la fin de notre petit déjeuner, quand derrière nous, je vois les feuillages des arbres s’agiter. Mais pas comme l’avaient été ceux de la veille, traversés par les macaques et les thomas leaf. J’alerte Alex qui me dit « trop bizarre ça, ça doit être un gros singe »… nous pensions à un gibbon, étions en attente d’apercevoir la bête qui faisait bouger si fort le sommet de ces arbres. La surprise fut énorme, l’intensité de l’émotion grandiose, lorsque nous distinguions un pelage orangé. Nous chuchotions de joie, appellant à la hâte Iman venir voir. Il nous confirma qu’il s’agissait bien d’un mâle orang-outan. Ce moment fut intense, il était venu jusqu’à nous. Nous n’en revenions pas. Il semblait si grand et lourd alors qu’il se déplaçait de branche en branche avec beaucoup d’agilité et de légèreté. À plusieurs reprises, il s’était arrêté face à nous, nos regards croisant le sien, un sentiment de rencontre de deux espèces, pas si éloignées que ça, et le frisson de savoir qu’il avait percuté notre existence. Nous avons laissé tout en plan, pour faire un morceau de trajet avec lui. Quelle beauté ! Il se suspendait aux branches, parfois on aurait même pu penser qu’il prenait la pose. Il nous adressait un léger coup d’œil de temps en temps. On voyait ce bel animal dans son environnement, faire balancer les arbres pour passer de l’un à l’autre. J’ai été en admiration. De retour au campement pour finir la pause petit déjeuner, nous sommes ensuite retournés dans la jungle. 


Ça n’est que quelques minutes plus tard qu’Iman trouva une femelle orang-outan et son petit. Moment magique, où nous avons pu observer la façon dont elle le laissait à la fois expérimenter ses déplacements, être présente pour littéralement lui tendre la patte et le porter quand le parcours était trop difficile pour lui. Ce petit bonhomme avec son petit bidou proéminent avait déjà l’agilité d’un grand. Et lorsqu’il était accroché à sa mère, il savait parfaitement en faire le tour, changer sa place, pour permettre la liberté des mouvements de cette dernière…

Nous étions heureux, de retour au campement, nous avons savouré ce dernier repas et une dernière baignade avant de repartir direction la guest house. 


Je me suis sentie tellement bien en immersion dans la jungle. Là où pourtant l’atmosphère pouvait paraître étouffante, la végétation, les animaux, la lumière traversante du soleil, me donnaient le souffle et l’énergie nécessaires comme une bouffée d’oxygène. De la nature, de la pureté et une véritable rencontre avec ces animaux en voie de disparition, si peu nombreux sur la planète. L’expérience unique dans ce voyage d’une vie.