Nous nous rendons à Agra au sein de la ville. Je vous avoue avoir été encore bousculée. Les hommes me regardent avec insistance. Je suis vêtue d’un short long qui arrive au genou donc sans provocation aucune (à mon sens); et pourtant on me fait bien comprendre que la vision du bas de mes jambes est de trop ici. 


Tout est surdimensionné.

Je perçois la place puissante de l’homme… sur la femme, sur l’enfant, sur l’animal. Les femmes sont relativement couvertes de la tête aux pieds. Quand Alex les croise, souvent elles cachent leur visage avec leur voile. Les enfants sont parfois mal menés, j'ai le sentiment qu’ils doivent suivre et s’adapter. Les animaux, pourtant vénérés des dieux, subissent des mauvais traitements. Je me sens heurtée, en tant que femme libre, en tant qu’éducatrice dans la considération de l’enfant, en tant que personne soucieuse du bien être animal. Du mal à trouver ma place. Et, au milieu de tout ça, devoir me faire respecter malgré tout. Devoir pratiquer l’ignorance pour ne pas me laisser submerger. Ignorer le regard intrusif des hommes, leur toute puissance apparente et croire en l’évolution des mœurs. Je ne critique pas leur façon d’être ou de vivre. Je suis juste émotionnellement bousculée parce que tout ça ne me ressemble pas. L’ignorance ne fait pas partie de moi, c’est donc difficile pour moi de la pratiquer. J’ai aussi parfaitement conscience que nos besoins humains ne sont pas les mêmes parce que nos conditions de vies ne sont pas les mêmes. Chez eux l’accès à l’éducation et les besoins primaires sont bien souvent insuffisants.... Je pousse aussi ma réflexion vers la religion. Certainement que la grande majorité de ces comportements est induite par ce que la religion génère en terme de frustrations. Je pense ici à la condition et à la place des femmes. 


Je me dis que tout est évolution au fil de l’histoire et du temps. Des personnages emblématiques ont déjà pu et dû faire bouger les choses aussi. 


D’ici je perçois que la France est vraiment une terre de liberté. Et qu’elle a aussi été traversée par toutes ces questions humaines, religieuses, éthiques...

A la fois, les traditions ici se poursuivent. Chez nous elles disparaissent petit à petit. Parce que cela me ramène à un temps ancien, souvent je me demande ce qu'en penseraient mes grands parents, ils diraient : « comment qu'c’était nous à notre époque ? » ça c'est sûr je l'ai souvent entendu 😊 ; et oui, eux aussi, à leur époque, ça n’était pas facile. Leur vie était sur certains points similaires à celle que je découvre ici. Donc au fond, tout serait une question de temps pour l’évolution…


A l’heure où en France nous sommes sur l’égalité des sexes et mouvements féministes, l’extrême bienveillance avec les enfants, la surexposition des vies de chacun sur les réseaux, je ressens ici comme un retour en arrière. 


Tout ça n’enlève pas la sympathie et la gentillesse des Indiens. Je crois juste qu’il faut être prêt pour y être confronté. Les belles rencontres il y en a quotidiennement, des sourires et toujours quelqu’un pour vous aider également. Il suffit juste d'un équilibre pour apprécier et ne pas se refermer comme une huitre 😉.

Appréhender l’inconnu n’est pas facile avec ces codes si différents, mais pour autant, je crois que l’Inde est chaleureuse et accueillante. Ça fait quelques jours, mes sentiments changent et avancent au fur et à mesure. Je vous transmets ici juste ma pensée qui certainement serait différente d’une personne à l’autre. L’Inde ne fait que commencer et même si j’ai du mal à m’habituer, quelque chose me pousse à m’y attacher… peut-être justement cet extrême contraste qui m’amène à me surpasser 🥰