Au petit matin, nous partons en voiture direction le départ (Rinjani information center, point tout à gauche sur la carte). Nous serons en compagnie d’une autre française, Deen notre guide et Andi notre porteur. Nous nous sommes tout d’abord arrêtés à un point « Check up » pour prendre notre tension et top départ pour les premiers pas d’un long périple. 



Jour 1 : objectif Plawangan 2 pour campement (trait bleu). Nous avons eu le soleil avec nous, dans notre dos, la chaleur faisait du bien et de suite on sentait bien que l’on montait. Deen nous suivait toujours de prêt avec l’eau et les biscuits si besoin. Andi nous avait dépassé, il était équipé de tongs et portait sur ses épaules 2 paniers suspendus de chaque côté d’une traverse de bambou (40 kg). Il devait être en avance pour préparer le repas et le campement à chacune des étapes. Puis la pluie est arrivée, discrète dans un premier temps, on l’acceptait, elle faisait partie du jeu… Mais le soleil s’effaçait de plus en plus jusqu’à ce que la pluie finisse par s’imposer face à lui avec force

et sur nous aussi. Le brouillard était présent et nous avancions difficilement. Nous avons rejoint le campement, la tête embrumée. Nous étions trempés. Nos sacs et la plupart de nos affaires, malgré les protections, avaient pris l’eau. La tente se montait sous la pluie. Le vent et l’orage nous confinaient dans les toiles. Des fuites d’eau commençaient leur apparition. Nous étions gelés et trouvions seulement réconfort à nous réchauffer avec peine dans notre duvet. Une accalmie a permis à Deen de nous emmener notre dîner dans la tente. Il était 18h, nous espérions que dans quelques heures la pluie et les nuages disparaissent car à 2h du matin, nous attaquions l’ascension du volcan Rinjani. 


Jour 2 : objectif volcan Rinjani puis Plawangan 1 pour campement (trait rouge). 

Deen est venu nous réveiller en nous annonçant que le temps permettait l’ascension. Nous avons laissé nos affaires à la tente et sommes partis les pieds inondés d’eau dans nos chaussures trempées. Le sol avait changé, la roche et le sable volcaniques dans la nuit noire nous ont fait redoubler de vigilance, sous le regard bienveillant de singes contemplatifs de ces hommes qui montaient. Parfois nous marchions dans d’immenses fossés dont la profondeur laissait juste notre tête dépasser. Nous comprenions rapidement que ca montait fort compte tenu de la difficulté hardante de nos efforts et de la vision progressive des lumières minuscules des villes. Pas un bruit, beaucoup de concentration sur nos pas et notre souffle. J’entends encore Deen « be careful, slowly ». On était là tous les deux seuls avec lui, on se soutenait, on se félicitait et on s’accrochait. Des empruntes encore fraîches de biches sur le sol me laissaient à penser qu’elles n’étaient pas loin, certainement à nous observer dans la nuit noire. C’était très difficile, il faut dire que nous devions dompter les 1100 mètres de dénivelés positifs qui se présentaient à nous depuis notre campement. Nous étions sur une crête peu large, le vide de chaque côté, le bruit sourd de nos pas s’enfonçant lourdement dans le sable, parfois jusqu’aux chevilles. On nous avait prévenu « un pas en avant, trois en arrière ». On s’accrochait, on tenait bon. Nous sommes arrivés en haut tous les deux, juste après un couple présent depuis quelques minutes seulement. Il faisait très très froid, nous nous refroidissions et retrouvions la sensation glaciale de nos pieds humides dans nos chaussures trempées. A ce moment, j’attendais avec impatience que le soleil se lève, j’étais transie de froid. Puis il est arrivé. J’étais sans voix devant la beauté et l’immensité de ce paysage. Quelle magnifique récompense ! D’un côté, le volcan là en contre bas, entouré d’un lac et dont les fumerolles s’activaient discrètement ; au milieu, la crête de sable volcanique que nous avions escaladée ; de l’autre côté, une étendue de montagnes verdoyantes, la mer et les îles. Je n’en revenais pas. 

Puis il était temps de partir, la descente était un pur régal, un pur bonheur. Ooouuuiii le soleil était là, la chaleur faisait du bien et participait à la beauté du spectacle. De retour à la tente, nous retrouvions notre équipière, notre porteur, nos affaires mouillées et nous voici repartis direction le 2eme campement. L’après déjeuner s’est avéré éprouvant, une partie du chemin s’est faite les pieds nus dans l’eau du lac. Mais depuis la nuit, il ne nous quittait plus le Rinjani, il était là, nous le contournions et nous étions désormais à ses pieds. Je n’avais plus vraiment d’énergie et pourtant ça continuait de monter encore et encore. La vue et le soleil me motivaient, Alex m’encourageait et je tenais, je persévérais . Nous étions à flan de montagne, nous escaladions les parois en prenant garde. Lorsque nous sommes arrivés au campement, nos tentes étaient montées, nous aurons échappés cette fois-ci à la pluie et découvrons ce magnifique panorama avec au loin : la mer, les nuages au dessus et le volcan Batur (de Bali) pointant l’horizon. Cette deuxième nuit aura été plus longue et reposante que la précédente. 


Jour 3 : objectif Rijani centre (trait rose). 

Au petit matin, nous avons dit au revoir au Rinjani et Batur. Nous sommes descendus à travers la jungle, sol glissant et friable, la vigilance était toujours là. Les deux dernières heures passées sous une pluie battante nous compliquèrent définitivement la descente, en témoignent les dizaines de glissades. De nouveau trempés jusqu’aux os et sentant la fin arriver, c’est avec une grande fatigue que nous avons retrouvé la voiture, à bout de force. 



A l’écriture de mon récit, je n’en reviens toujours pas. Je suis émue de ce qu’on a vécu, du soutien que l’on a eu l’un pour l’autre. Des souvenirs à jamais gravés dans mon esprit, du  dépassement de moi-même et de ses quelques mots « je suis fière de toi ».